ETIENNE BOILEAU

Monique et Etienne Boileau dans le Hoggar, Algérie © Abdelkader Hiri

 
En 1988, Etienne Boileau et son épouse Monique sont en voyage au cœur du Sahara. C'est l'un des rares endroits de la planète où le silence, précieux compagnon de méditation, et la pureté des paysages, œuvrent à la sérénité, la plénitude et l'humilité. Là, au milieu du massif désertique du Hoggar, marchant d'un pas lent propre à tout homme curieux de son environnement, Etienne et Monique découvrent la guelta du Palmier. Ce point d'eau, salvateur pour les caravanes de chameaux, sera pour Etienne, la rencontre improbable avec Dame Spiruline...
Pendant une quinzaine d'années on entendit plus parler de cette fantastique découverte. Puis en 2004, sur les indications d'Etienne, Abdelkader Hiri un enfant du pays, retrouve la guelta perdue, prélève délicatement un filament de spiruline et commence une culture à Tamanghasset au milieu du Sahara. Aujourd'hui la ferme d'Abdelkader est toujours en activité, et sa petite fille a même réalisé à l'université d'Alger son mémoire de fin d'étude sur la microalgue.
 
Docteur en physique, Etienne Boileau sera un retraité altruiste, au sens brut du terme, très actif dans le monde de l'humanitaire et de la spiruline. Il a été le disciple de Ripley Fox pendant plusieurs mois, pour apprendre et maîtriser la culture de la petite algue bleue. La connaissance acquise il se fera un peu "l'apôtre" de Ripley, et partira en Afrique partager son enseignement, aider les plus démunis et les plus malnutris, avec une ferveur et une générosité à nul autre pareil.
 
C'est au Bénin qu'iront ses premiers pas, accueilli par les Pères Camiliens de Davougon, et notamment le Père Moëgle du centre de santé anti-lèpre Saint Joseph. Là, Etienne Boileau, membre de l'association TechnAp, créera en 1993 le premier bassin de spiruline du continent africain.

Etienne Boileau, ferme de Davougon, Bénin - 1993 © XDR

Fait remarquable, après un quart de siècle, la ferme de Davougon est encore aujourd'hui en activité. L'autre particularité de cette ferme est que la spiruline, plutôt que séchée, est mélangée fraîche à une eau sucrée pour être directement consommé en boisson par les malades (100 g de spiruline pressée diluée dans un litre d'eau. Le sucre est rajouté à la fin et 200 ml sont donnés par personne).

 
 
En 1995, soucieux de développer la production de spiruline au Bénin, Etienne motive un partenaire local pour l'aider et prendre le relai, le CREDESA de Pahou (Centre Régional pour le Développement et la Santé). Ce dernier lancera une grande campagne : "Promotion et utilisation de la spiruline au Bénin". Après trois ans, l'UPS (unité de production de la spiruline) de Pahou devint une entité à part entière, financièrement et administrativement autonome. Aujourd'hui la ferme de spiruline de Pahou atteint 900 m2 de bassins.
 
En 1998, Etienne Boileau a été l'un des acteurs ayant permis de lancer la ferme de spiruline de la SAP de La Mé en Côte d'Ivoire, près d'Adzopé. Aujourd'hui elle est l'une des plus grandes d'Afrique.
Il a également participé à la création de la ferme de Nanoro au Burkina Faso.
 
En 1999, Etienne Boileau réalise un petit bassin d'étude chez lui à Montpellier, qui verra passer de nombreux adeptes, en devenirs ou confirmés, de la petite algue.

Etienne Boileau et son petit bassin d'étude à Montpellier - 1999 © XDR

 
Etienne  Boileau nous quitte en novembre 2010 à l'âge de 77 ans. Humble et discret, il restera un des piliers fondateurs du développement de la spiruline humanitaire en Afrique.
 
 
 
 
 

Repost0